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Virginie Cailleau est née, a fait ses études et travaille actuellement dans son cher Poitou. Après l’obtention de son doctorat en biologie moléculaire et cellulaire, elle a brièvement besogné dans une boîte parisienne de communication scientifique et technique avant de se reconvertir dans la recherche clinique. Sa bibliographie dans des revues à comité de lecture compte plusieurs articles - principalement en premier nom ; elle a également rédigé en free-lance des mémo-fiches de vulgarisation pour le compte des éditions de l’Analogie (parues aux éditions Atlas).

Adorant élaborer des intrigues à énigmes et grande lectrice de romans policiers, elle a publié « Le Supplicieur » et « L’héritage Van der Meer » dans la collection Rouge des éditions Ex Aequo.

Chronique par DF :

« Le lapin de ma fille » est un court roman de Virginie Cailleau que je vous recommande si vous aimez les histoires policières très bien écrites et non dénuées d’humour...

En détours et portraits saisissants de personnages qui ne sont pas toujours ce que l’on croit. L’auteure prend plaisir à nous fourvoyer avec subtilité et maestria. Et nous nous laissons prendre avec bonheur dans les mailles du filet sans pouvoir lâcher le livre !

 

Et on s’exprime dans cette enquête dans un langage savoureux, parfaitement en adéquation avec les personnages. On s’y croirait ! Ainsi, cette voisine à la langue de vipère, confite dans ses dévotions et d’une intolérance sans pareille. Un exemple ? A la question policière : Qu’entendez-vous par « les gens comme ça ? » l’auteure nous la montre rétorquer sans vergogne :

- Oh, vous savez bien ! déclara la femme avec force grimaces et un regard en coin qui se voulait complice. Paraît que c’était une colocation... Mais personne ici n’était dupe, hein ?! Mais qu’est-ce que vous voulez ? Maintenant, on voit de ces choses... Ecoutez, écoutez mes pauvres enfants ! Heureusement que ma mère est morte avant de voir voter toutes ces lois qui leur donnent le droit de se marier entre eux et tout ça ! Et quand je pense que cette femme travaille dans une maison où il y a une petite fille ! Vous êtes venus l’arrêter parce qu’elle lui a fait les mêmes affaires ? Fallait s’y attendre !

 

De même ce jeune homme, pas trop recommandable, au verbe coloré qui explique aux policiers :

-... J’étais trop vénère contre lui à cause de la bicoque pourrav’ qu’il me loue, quoi ! Non mais vous l’avez vue, vous Elle tombe en lambris !

- En lambeaux.

- Ouais, aussi !

 

Ou encore ce bistrotier à qui l’on demande si un habitué féru de films documentaires a mentionné le couple Canterel :

- Non, à moins que ces gens soient des « machinologues » qui font des fouilles dans des tombeaux  au fin fond d’un bled paumé du bout du monde, et que j’ai oublié leurs noms tellement j’écoutais pas.

 

Et comment ne pas évoquer cette fin qui (en confidence entre nous) est... renversante !

Vous l’aurez deviné, ce roman pour moi est à la fois réjouissant et captivant. Il faut aller voir !

Chronique par DF :

Le supplicieur

 

Adeptes de bons polars, voire de thrillers, avec un penchant particulier pour Ruth Rendell et, parmi nos contemporains, Thierry Dufrenne, je dois dire que ce roman de Virginie Cailleau, « Le supplicieur », a trouvé dans ma bibliothèque sa place parmi les plus grands, aux côtés d’un autre roman policier de l’auteure : « Le lapin de ma fille ».

 

Si le titre effraie quelque peu, le contenu n’en est pas moins jalonné de chapitres qui donnent au titre toute sa portée. Des morts, violentes ou à petit feu, oui, il y en a, mais pas à la pelle, juste ce qu’il faut, dans différentes régions, pour nous égarer et donner aux enquêteurs un sacré fil à retordre. Des lycéens de surcroît, suscitant toute notre empathie, à deux époques différentes espacées de 25 années. Mais qu’ont-ils fait, ces ados, pour mériter de telles fatales punitions ? Où sont-ils allés se fourrer ? Quels risques insensés ont-ils pris ? Ou bien rien de tout cela peut-être ?

Outre le caractère éminemment prenant de l’histoire, il y a les personnages, si bien brossés qu’on les voit vivre devant nous, usant d’un langage bien à eux qui ajoute véracité aux portraits, bien souvent sans concession dans leurs travers et leurs préjugés insupportables. Et le récit n’est pas dénué d’humour...

Quant au fameux « supplicieur », est-ce ce vieux monsieur à l’allure de grand-père inoffensif, avec « sa casquette, les trois poils blancs qui tombaient de son menton et son ratier », un bon petit chien noir et blanc, sage comme une image, appelé « Courtepointe » ?

Et à propos de « Courtepointe », j’ai trouvé le choix des noms bien souvent original et savoureux, pour les lieux : Plantières-Queleu dont on a envie de redoubler la dernière syllabe, Angles-sur-Anglin, Bousilli) et pour les gens : Albert Lourdeix, le couple Patarin, le lieutenant Dudognon, les Poupinel.

Allez, je vous laisse profiter de cette œuvre sans en dire davantage, et vous réjouir de votre lecture en appréciant aussi... tout ce que je n’ai pas dit !

 

Extrait :

« Quelques minutes plus tard, une voiture de police se gara à hauteur d’un Daviaud qui vociférait en tentant de redémarrer son 4x4. Poursuivant sur le même ton avec les représentants des forces de l’ordre qu’il agonit d’insultes et dont il repoussa avec indignation le test d’alcoolémie, le neurochirurgien, scandalisé, connut alors l’outrage d’une arrestation sans ménagements. »

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